Correspondance
Cher Président,
Copies : à Monsieur Hilton et Monsieur Richie
J’ai bien conscience que vous adresser cette lettre peut paraître un peu étrange mais je ne savais pas à qui d’autre la destiner. En temps que Père de la Nation et père tout court, je suis persuadée que vous saurez attacher autant d’importance que nécessaire à ma petite lettre. La faim dans la monde 
et votre mariage avec Carla doivent vous prendre beaucoup de temps c’est certain, mais le fait d’avoir épousé une femme ex mannequin devrait vous rendre particulièrement sensible au problème que je rencontre. Je vois donc en vous une oreille compatissante et adéquate. (Non pas que je vous vois comme une oreille, loin de moi cette idée, je tente de rendre mon discours poétique pour que ma requête passe inaperçue, mais je ne vous apprends rien dans l’art diplomatique… vous êtes le maître déjà.)
Mon problème, monsieur le Président, est probablement celui de millions de femmes. Je comprends bien que le principe d’une société marchande et 
capitaliste est qu’il faut payer pour posséder. Loin de moi l’idée de vouloir vivre dans une société communiste (franchement quand on voit leurs voitures, on n'a pas très envie d’essayer leurs vêtements) mais en période de soldes, le principe du partage des richesses me semble intéressant à développer.
Je m’explique, je n’ai pas pour idée que chaque étudiant reçoive un colis identique en période de nouvelle collection. Non cela me semble aller 
complètement à l’encontre de la liberté d’expression qui s’exprime dans le choix des vêtements de chacun. Non, mais je pense au contraire qu’une petite allocation sous forme de chèques cadeaux obligeant l’étudiant à dépenser son magot en vêtements et autres accessoires de monde pourrait être une bonne idée pour reconquérir l’étudiant gréviste en ce début d’année universitaire.
Je vous laisse le soin de choisir les investisseurs dans ce projet ambitieux. Il va de soi que l’argent du contribuable ne saurait servir une si noble cause. Mais peut-être que l’un de vos riches amis aurait la soudaine envie de faire le bien dans l’Education Nationale. Il me semble en effet que le shopping fait partie des causes que devrait défendre l’Education Nationale. Quoi de plus important qu’un étudiant épanoui ? Prenons Paris Hilton. Bon je vous l’accorde, elle n’étudie pas grand-chose à part l’art de faire la Une de Voici (il est fort possible que je sois une lectrice assidue de ce magazine. Les articles sont des grands moments vides de littérature), mais il me semble que c’est une jeune complètement épanouie. Evidemment ses petits accidents montrent qu’elle n’est pas ce qu’on pourrait appeler une fille sage et conventionnelle, mais je pense qu’il s’agit d’appel à l’aide et d’une volonté d’avoir une vie normale. Je propose donc que son père qui finance déjà ses virées shopping, finance les miennes. Echangeons nos vies l’espace d’une semaine (la première des soldes) je suis persuadée que Monsieur Hilton fera des économies en finançant mes extravagances et qui sait ma vie pathétique dans une famille autiste lui fera peut-être beaucoup de bien à Paris. 
Plutôt que de pomper le contribuable, je propose que chaque étudiant se choisisse un parrain, un peu sur le modèle du parrain qui scolariserait un enfant du tiers monde. L’investissement est tout aussi noble et il est possible que le parrain voit vraiment où passe son argent. D’une part grâce aux relevés de carte bleue et d’autres part parce que le filleul pourra lui montrer toutes les belles choses qu’il a pu s’offrir grâce à sa noble participation.
Je vous remercie, Monsieur le Président, de l’attention que vous avez porté à ma lettre. Je m’excuse d’avance de vous avoir dérangé dans vos occupations importantes : choisir le couturier qui confectionnera une robe 
pour Carla pour plusieurs milliers d’euros (du contribuable diront les mauvaises langues), sélectionner avec soin le prochain dictateur à inviter à l’Elysée (dommage que Hitler soit mort) et enfin engager un nouveau cordonnier susceptible de confectionner des talonnettes de plus de 10cm (de mon temps on avait des plateform shoes, peut-être que Loana en a encore une paire à vous prêter).
Léon